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Canadian Public Health Association

Accroître la mobilité et la durabilité grâce au service de transport en commun à la demande à Powell River, en Colombie-Britannique

PROJET

En 2020, la ville de Powell River a lancé un projet pilote pour déterminer si une nouvelle technologie de transport en commun à la demande pouvait améliorer la qualité des transports collectifs, augmenter l’achalandage et contribuer à réduire les émissions de carbone attribuables aux déplacements en ville en réorientant davantage de déplacements en véhicules privés vers des déplacements en transport en commun. Le service à la demande de Zunga Bus a été inauguré dans la région de Westview à Powell River au début de 2021.

CONTEXTE

La ville de Powell River est située sur la côte ouest de la Colombie-Britannique (C.-B.), de l’autre côté du détroit de Georgia, depuis Courtenay. La ville a une population de près de 14 000 habitants, tandis que la région en compte près de 22 000. Cinq pour cent de la population s’identifie comme autochtone. 

Une grande partie de la population de la ville pourrait bénéficier d’un service de transport en commun efficace et abordable, puisque 36 % de sa population est âgée de 60 ans ou plus, 19 % de sa population est âgée de moins de 20 ans, 44 % de ses ménages vivent avec moins de 50 000 dollars par année et 23 % de ses ménages vivent avec moins de 30 000 dollars par année.

PROCESSUS

Les deux principaux modes de transport en commun de Powell River sont le service d’autobus conventionnel à itinéraire fixe et le service d’autobus à la demande, appelé HandyDART, qui est adapté à un groupe particulier d’usagers.

« Nous avons lancé ce projet parce que peu de résidents de notre collectivité utilisaient notre service de transport en commun existant, a déclaré Anastasia Lukyanova, planificatrice du développement durable pour la ville de Powell River. Au début, notre objectif était d’augmenter l’achalandage afin de réduire les émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre attribuables aux déplacements. »

« Dans une petite collectivité comme la nôtre, où les résidents sont répartis sur des distances relativement longues, il est difficile d’offrir un service de transport en commun efficace et pratique, a expliqué Anastasia. Le service à itinéraire fixe peut s’avérer efficace sur les liaisons directes les plus utilisées, mais il exclut une bonne partie de la collectivité. Le service HandyDart, quant à lui, est réservé aux personnes à mobilité réduite et n’est pas très pratique. Les gens doivent réserver la veille, ils doivent parfois attendre leur transport 30 minutes et les trajets peuvent être longs. »

La ville a vu le service numérique de transport à la demande comme une occasion d’offrir une plus grande couverture et des itinéraires plus directs : « Le transport en commun à la demande assure les déplacements au fur et à mesure qu’ils sont réservés, sans itinéraire ni horaire fixe, et peut offrir un service de porte à porte ou d’arrêt à arrêt, ou une combinaison des deux. La contrainte du service à la demande est qu’il ne peut optimiser les temps d’attente et les temps de parcours lorsque le nombre de passagers dépasse 8 ou 10 passagers par heure. »

« Nous avons vu une occasion de mettre à l’essai le transport en commun à la demande lorsque le gouvernement fédéral a offert du financement dans le cadre de son Programme d’innovation Construire au Canada, a expliqué Anastasia. Spare Labs Inc. dispose d’une technologie qui applique un algorithme aux demandes de transport à mesure qu’elles arrivent afin d’établir l’itinéraire le plus efficace pour les demandes de transport semi-collectif. Les gens peuvent demander un transport en utilisant leur téléphone ou une application pour téléphone intelligent. Ils peuvent le faire en temps réel ou à l’avance. »

Le financement fédéral a couvert la technologie de Spare Labs et le coût du nouvel autobus équipé pour les personnes ayant ou non des problèmes de mobilité; la ville a couvert les coûts pour les chauffeurs supplémentaires. La technologie numérique, abordable, peut être acquise sous forme d’abonnement.

En 2021, Zunga Bus a couvert une zone de service de 15 km2, sept jours sur sept, de 11 h à 18 h 30, avec un seul autobus. Les populations cibles étaient les jeunes et les personnes âgées, ainsi que les personnes à mobilité réduite, mais le service était offert à tous. Le tarif, soit 2,25 $ par trajet, était le même que celui facturé par BC Transit. La ville prévoit d’ajouter un autobus au projet en 2022.

Contrairement à la plupart des autres provinces du Canada, la Colombie-Britannique finance 50 % des coûts de transport en commun des collectivités de toutes tailles. Toutefois, ce financement n’est actuellement accordé qu’au service conventionnel à itinéraire fixe et au service HandyDart. BC Transit ne finance pas à l’heure actuelle le transport en commun à la demande.

« La ville a décidé de financer elle-même le projet jusqu’à la fin de l’année, a mentionné Anastasia. Nous ferons valoir notre point de vue auprès de BC Transit pendant ce temps et nous espérons qu’elle acceptera de financer ce mode de transport à l’avenir pour Powell River et d’autres collectivités de la Colombie-Britannique. »

RÉSULTATS OBTENUS

Le rapport d’évaluation du projet pilote Zunga a révélé ce qui suit :

  • sur une période de 10 mois en 2021, sur les 1 373 comptes d’utilisateurs créés, 472 usagers ont effectué au moins un déplacement et 283 usagers en ont effectué plus d’un; 
  • environ 55 % des déplacements entre avril et septembre 2021 étaient des déplacements en commun, ce qui indique que le service était efficace et capable de servir plusieurs usagers en même temps;
  • les destinations les plus populaires étaient le centre des loisirs, le centre commercial Town Centre, le centre commercial Crossroads Village/la bibliothèque, l’aéroport, la zone commerciale en amont de Westview, l’école Powell River Christian School et l’école primaire de Westview/l’Université de l’île de Vancouver;
  • à mesure que les cas COVID-19 diminuaient, le nombre de déplacements hebdomadaires de Zunga Bus ne cessait d’augmenter jusqu’au début de la vague COVID suivante. Le nombre d’usagers hebdomadaires a commencé à rebondir après le deuxième pic du nombre de cas de COVID-19.

Le rapport d’évaluation a conclu que le projet Zunga Bus a réussi à améliorer le service à la clientèle et d’autres mesures du rendement du transport en commun, comme la commodité, l’accessibilité, le temps de déplacement et le temps d’attente.

« Le projet a été très bien accueilli par la collectivité, a ajouté Anastasia. L’évaluation a confirmé que Zunga Bus peut améliorer la santé physique et mentale des résidents en augmentant leur accès aux services essentiels, aux installations récréatives et aux possibilités sociales. Les groupes communautaires qui offrent des services aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite ont vigoureusement exprimé leur appui à ce service. »

Les commentaires recueillis auprès des usagers étaient convaincants. En voici des exemples :

  • 5 à 12 ans : « … Nous avons organisé un camp d’été francophone pour les enfants âgés de 5 à 12 ans et Zunga Bus nous a beaucoup aidés. »
  • 17 ans : « … Je l’utilise pour me rendre au travail, me déplacer et rencontrer des amis... »
  • 48 ans : « J’ai été blessé en Afghanistan… J’ai un trouble de stress post-traumatique, alors prendre un gros autobus n’est pas une bonne option pour moi… Zunga Bus a changé ma vie. J’utilise surtout Zunga pour mes rendez-vous médicaux… au moins quatre fois par semaine… »
  • Mère de 5 enfants : « … Je n’ai pas accès à une voiture. Ce serait tellement utile si ça commençait à 9 h. Beaucoup de gens quittent le travail à 7 h, alors ce serait bien si ça finissait plus tard. Je finis de travailler à 5 h, je rentre à la maison puis je sors faire des courses, alors je dois entrer au magasin puis en sortir pour prendre Zunga pour revenir à la maison... »
  • 42 ans : « J’adore ça, je l’utilise tous les jours pour rentrer du travail. Si c’était disponible le matin, je l’utiliserais pour me rendre au travail. Nous avons maintenant un seul véhicule… »
  • 58 ans : « Je l’utilise surtout pour rentrer à la maison après le travail… De cette façon, je n’ai pas à marcher dans la noirceur. Je prends rarement l’autobus de BC Transit. J’ai essayé, mais je ne savais jamais quand il passait, c’était difficile de comprendre l’horaire… »
  • 72 ans : « Je l’utilise tout le temps quand j’en suis capable. Je ne sais pas comment je me déplacerais autrement… Je ne conduis pas et j’ai du mal à marcher. Je l’utilise pour retrouver des amis chez Starbucks, pour des activités régulières… »

LEÇONS RETENUES

Powell River a tiré de précieuses leçons du projet pilote qui a démontré que le service de transport en commun à la demande :  

  • peut accroître l’achalandage et l’efficacité du service dans une petite collectivité à faible densité, ce qui peut potentiellement réduire les émissions de carbone;
  • peut jouer un rôle important dans la vie de nombreuses personnes dans une petite collectivité; et non seulement celles qui ont des problèmes de mobilité;
  • peut offrir de nouvelles possibilités aux gens en augmentant leur accès aux emplois, aux écoles, aux installations récréatives et aux services essentiels;
  • peut améliorer la santé et l’équité en santé dans l’ensemble de la collectivité; 
  • peut s’inscrire dans le plan de la ville visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Préparé par Kim Perrotta, M.Sc.S., directrice administrative, CHASE

Date de modification : 13 juillet 2023