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Canadian Public Health Association

Déclaration à l'appui de la tenue d'une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées

L'ACSP appuie les appels à la tenue d'une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées émanant de l'Assemblée des Premières Nations, de l'Association des femmes autochtones du Canada, d'autres associations de membres des Premières Nations, d'Inuits et de Métis, des familles des femmes disparues ou assassinées et des premiers ministres des gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada. L'Association invite aussi le gouvernement fédéral à :

  • Mener une évaluation des mesures qui ont été prises à la suite des enquêtes, rapports et constatations antérieurs sur les femmes autochtones disparues ou assassinées,
  • Élaborer et mettre en oeuvre, comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé1, un plan d'action intégré de prévention de la violence qui en aborde les causes profondes. Une telle initiative devrait être menée par des partenaires des Premières Nations, inuits et métis et mobiliser tous les ordres de gouvernement et la société civile.

Contexte
En 1990, les membres de l'ACSP ont adopté une résolution reconnaissant l'omniprésence et la force destructrice de la violence dans la société et se sont engagés à plaider vigoureusement en faveur de sa réduction et de son élimination2. Vivre avec la violence, ou dans la crainte de la violence, va à l'encontre des conditions et des ressources fondamentalement nécessaires à une santé optimale. Il est essentiel d'adopter une démarche de promotion de la santé pour comprendre la complexité de la violence et pour en réduire les manifestations. Une connaissance approfondie de la violence exige que l'on sache qui est à risque, quelles sont les valeurs sociales qui sous-tendent les relations humaines et quelles sont les stratégies efficaces pour prévenir la violence et guérir de ses séquelles. Au Canada, la violence n'est pas encore été définie comme un dossier de santé prioritaire et n'est pas non plus abordée dans la conception et la prestation des services de santé communautaire, ni dans les efforts de promotion de la santé.

Pour parvenir à une société sans violence, il faut un processus proactif qui crée une communauté libre d'agir, soutenue par des structures gouvernementales qui garantissent la pleine participation et la sécurité des membres de la communauté, peu importe leur statut socioéconomique, leur sexe, leur race, leur religion, leur culture, leur âge ou leur orientation sexuelle.

L'enjeu de la violence faite aux femmes autochtones a été abondamment étudié et attesté dans des documents fédéraux, provinciaux et territoriaux, le plus récent étant le Rapport du Comité spécial sur la violence faite aux femmes autochtones publié en 20143. Ces rapports présentent de nombreuses recommandations pour aborder cet enjeu, et pourtant il n'y a aucune trace de leur application, ni de leur impact pour remédier à la situation. Le temps est venu de mener une évaluation formative des résultats de ces rapports, et de planifier et de prendre des mesures à l'égard de ces recommandations avec la pleine participation des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Cette évaluation devrait se faire parallèlement à l'enquête.


  1. Organisation mondiale de la Santé, Rapport mondial sur la violence et la Santé, Genève, 2002. Sur Internet : www.who.int/violence_injury_prevention/violence/world_report/fr/.
  2. Association canadienne de santé publique, Violence in Society: A Public Health Perspective, Ottawa, 1990. Sur Internet : www.cpha.ca/fr/la-violence-dans-la-societe-une-perspective-de-sante-publique.
  3. Comité spécial sur la violence faite aux femmes autochtones, Femmes invisibles : un appel à l'action - Un rapport sur les femmes autochtones portées disparues ou assassinées au Canada, mars 2014. Sur Internet : www.parl.gc.ca/HousePublications/Publication.aspx?DocId=6469851&Language=F.