Les arguments de santé publique à l’appui de la tarification fédérale de la pollution causée par le carbone seront entendus par la Cour d’appel de l’Ontario cette semaine
Les défenseurs de la santé publique soutiendront que le gouvernement fédéral du Canada a le droit et la responsabilité d’imposer une tarification de la pollution causée par le carbone pour respecter ses cibles de réduction des gaz à effet de serre et protéger la santé et le bien-être des humains contre les effets négatifs de l’inaction face aux changements climatiques sur la santé environnementale, physique et mentale.
« La réduction de notre dépendance envers l’économie du carbone sera l’un des plus profonds changements de l’économie mondiale depuis la révolution industrielle, affirme le directeur général de l’Association canadienne de santé publique, Ian Culbert. Mais les répercussions sur la santé et le bien-être des humains seront encore plus graves si nous ne tarifons pas dès maintenant la pollution causée par le carbone. »
La Cour d’appel de l’Ontario entendra à partir d’aujourd’hui les arguments en faveur de la contestation constitutionnelle par la province de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre. La cour décidera si le gouvernement fédéral a compétence sur la tarification de la pollution causée par le carbone dans une province qui n’a pas son propre plan de tarification du carbone répondant aux normes fédérales.
« Il ne fait absolument aucun doute dans la communauté de la santé publique que les changements climatiques ont déjà et continueront d’avoir de graves effets sur la santé humaine autour du monde et surtout au Canada, où le taux de réchauffement est deux à trois fois supérieur au taux mondial, ajoute Ian Culbert. Les émissions de gaz à effet de serre ne respectent pas les frontières politiques; il faudra mener des actions provinciales, nationales et mondiales pour protéger la santé de la population canadienne. »
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, les changements climatiques font augmenter la morbidité et la mortalité dues :
- Aux maladies liées à la chaleur (coups de chaleur, œdème de chaleur, érythème calorique, stress de chaleur), aux pathologies cardiovasculaires aiguës et aux maladies rénales causées par la hausse des températures atmosphériques;
- À l’asthme, aux cardiopathies ischémiques, aux accidents vasculaires cérébraux, aux infections aiguës des voies respiratoires inférieures, au cancer du poumon et à la maladie pulmonaire obstructive chronique résultant de la baisse de la qualité de l’air causée par les émissions de gaz à effet de serre;
- Aux maladies à transmission vectorielle comme le virus du Nil occidental et la maladie de Lyme avec l’élargissement du territoire géographique des insectes et d’autres espèces qui accompagne le réchauffement des températures;
- Aux épisodes météorologiques exceptionnels comme les inondations, les sécheresses, les cyclones, les ouragans et les feux incontrôlés, dont la fréquence et l’intensité devraient augmenter. Les changements des conditions météorologiques et les épisodes météorologiques exceptionnels menacent la sécurité alimentaire, le logement et les infrastructures et font perdre des revenus aux personnes touchées. Il est estimé que l’instabilité du climat fera diminuer les rendements des récoltes, la chasse et la cueillette par les peuples autochtones et la production halieutique.
Les solutions climatiques ne feront pas que protéger l’environnement : elles sauveront des vies, feront diminuer les taux de cardiopathies, d’asthme et de cancer du poumon et réduiront les coûts des soins de santé.
Jennifer L. King et Michael Finley, avocats au sein du groupe de droit de l’environnement de Gowling WLG, représenteront l’ACSP durant les interventions de l’Ontario et de la Saskatchewan.