Les morts n’ont pas besoin de lits de récupération : La fermeture par l’Ontario de dix sites de consommation supervisée entraînera davantage de décès dus aux drogues toxiques
L’Association canadienne de santé publique (ACSP) s’inquiète vivement de la récente annonce du gouvernement de l’Ontario d’interdire les sites de consommation supervisée à moins de 200 mètres des écoles et des garderies, ainsi que du projet de loi interdisant toute nouvelle installation de consommation supervisée et la participation à des programmes d’approvisionnement plus sûr.
« Chacun des dix sites de consommation supervisée dont la fermeture est prévue a sauvé des centaines de vies en intervenant après que les clients aient consommé des drogues avariées », a déclaré Ian Culbert, directeur général de l’ACSP. « Bien que l’investissement futur de 378 millions de dollars de la province dans 19 nouveaux centres de traitement soit une étape positive, la décision de fermer plusieurs centres de consommation supervisée aura des conséquences dévastatrices immédiates pour les populations vulnérables de l’Ontario ».
L’expérience des sites de consommation supervisée existants en Ontario montre qu’ils sont essentiels pour prévenir les décès par surdose. Ces sites offrent un environnement contrôlé où les personnes peuvent consommer des substances en toute sécurité, avec un accès immédiat à des interventions vitales et à des liens avec les services de santé. La fermeture de ces sites, en particulier dans les régions où les taux de toxicité des opioïdes sont élevés, risque d’entraîner une forte augmentation du nombre de décès par overdose. Les communautés du nord de l’Ontario, comme Timmins et Sudbury, connaissent déjà des taux de mortalité par overdose près de trois fois supérieurs à la moyenne provinciale, et la fermeture des sites dans ces régions ne fera qu’exacerber la crise.
« Les centres de consommation supervisée et les autres interventions de réduction des risques ne résoudront pas à eux seuls la crise des drogues toxiques, mais ils font partie d’une approche holistique qui nécessite également un investissement provincial important dans les services de santé, de santé mentale, sociaux et de logement », a déclaré M. Culbert. « Les sites de consommation supervisée sont non seulement des lieux de sécurité pour les usagers, mais aussi des points de contact cruciaux pour ceux qui cherchent à suivre un traitement. La suppression de ces sites pourrait repousser les gens dans des espaces publics peu sûrs, augmentant ainsi la probabilité de partage de seringues, de consommation de drogues en public et d’exposition à des substances toxiques. Cela va à l’encontre des stratégies de réduction des risques approuvées par les principales autorités sanitaires du monde entier ».
Les recherches montrent que les centres de consommation supervisée réduisent la charge des services d’urgence et améliorent la sécurité publique. En offrant un espace sûr pour la consommation de drogues, ces sites réduisent la consommation de drogues en public et les problèmes d’ordre public qui en découlent. La fermeture de ces sites risque d’accroître la visibilité de la consommation de drogue dans les espaces publics, mettant ainsi en danger à la fois les consommateurs et la communauté dans son ensemble.
« Les nouveaux centres de traitement, bien que bienvenus, ne peuvent pas remplacer entièrement les services essentiels fournis par les centres de consommation supervisée », a déclaré M. Culbert. « De nombreuses personnes qui utilisent ces centres sont confrontées à des obstacles importants qui les empêchent d’accéder aux services de traitement traditionnels, notamment la stigmatisation, les problèmes de transport et le besoin immédiat de lieux de consommation sûrs. En l’absence de sites de consommation à proximité, de nombreuses personnes seront privées d’un soutien essentiel, ce qui aggravera leur état de santé et mettra à rude épreuve le système de soins de santé ».
« Nous reconnaissons que certaines personnes ne sont pas à l’aise avec le concept des centres de consommation supervisée et des interventions de réduction des risques en général, mais il ne faut pas leur faire croire que ces interventions sont la source de la crise des drogues toxiques », a déclaré M. Culbert. « Les allégations de menaces pour la sécurité publique sont un symptôme du manque de financement approprié des services de santé, de santé mentale, des services sociaux et des services de logement dans la province de l’Ontario ».
L’ACSP exhorte le gouvernement de l’Ontario à reconsidérer sa décision et à donner la priorité à l’expansion, plutôt qu’à la réduction, des services de réduction des méfaits, ainsi qu’à l’expansion des services de santé, de santé mentale, des services sociaux et des services de logement. Nous demandons l’adoption d’une approche fondée sur des données probantes qui permette d’établir un équilibre entre la création de nouveaux centres de traitement et le maintien des services essentiels de consommation supervisée, en particulier dans les communautés les plus touchées par la crise des opioïdes. La sécurité et le bien-être de nos communautés dépendent du maintien de ces services qui sauvent des vies.