Appel à une approche de santé publique pour la paix et la sécurité
En tant qu’organisme voué à faire progresser la santé publique au Canada et dans le monde, l’Association canadienne de santé publique (ACSP) réitère son appel à une approche de santé publique pour la paix et la sécurité qui affirme l’importance fondamentale de respecter la santé et les droits de la personne.
Au-delà de leurs victimes immédiates, les conflits armés causent des déplacements forcés, des perturbations aux services essentiels et des traumatismes psychologiques généralisés. Ils exacerbent les disparités existantes de l’état de santé, entravent l’accès aux services de santé et créent des environnements propices à la propagation des maladies infectieuses. Il est donc vital de favoriser la paix pour cultiver la santé et le bien-être dans toutes les couches de la société.
Aujourd’hui, les plus de 110 conflits armés dans le monde nous font prendre conscience des coûts supportés par les civils : les vies perdues, la souffrance, l’anéantissement des systèmes civils et de santé et les violations des droits de la personne.
L’ACSP exhorte les gouvernements, les responsables des politiques et les parties prenantes internationales à accorder la priorité aux efforts pour mettre fin aux conflits armés actuels en défendant les principes du droit humanitaire et des droits de la personne.
Sachant que la paix, la sécurité et la santé publique sont interdépendantes, l’ACSP exhorte les gouvernements, les responsables des politiques et les organisations internationales à adopter les principes suivants :
- L’accélération des efforts pour mettre fin aux conflits armés actuels : Toutes les parties sont exhortées à défendre les principes du droit humanitaire et des droits de la personne et à faire avancer une approche de santé publique globale pour la paix et la sécurité.
- La prévention et la diplomatie : Les efforts devraient être axés sur les causes fondamentales des conflits et promouvoir la coopération multilatérale, le dialogue et les efforts diplomatiques pour favoriser une gouvernance juste et inclusive.
- La protection des civils et des personnels de santé : Il faut impérativement défendre les principes fondamentaux du droit humanitaire et des droits de la personne pour protéger la santé et le bien-être des civils et des personnels de santé pris dans les zones de conflit. Toutes les parties doivent respecter les cadres juridiques internationaux, dont les Conventions de Genève, pour protéger les civils, les personnels de santé et les humanitaires contre les attaques, la violence et les violations des droits. Elles doivent aussi travailler à protéger l’accès aux nécessités de la vie.
- La protection et la reconstruction des systèmes de santé et autres infrastructures : Pour atténuer les effets des conflits sur la santé publique et garantir l’accès des populations affectées aux services de santé essentiels, des systèmes de santé intacts sont indispensables. Il faut accorder la priorité au renouvellement des infrastructures de santé et d’assainissement, à la protection des personnels de santé et à l’accès de l’aide humanitaire aux zones de conflit.
- La protection des populations structurellement défavorisées : Les conflits affectent démesurément certaines populations, dont les femmes, les enfants, les réfugiés, les peuples autochtones et les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Les efforts pour aborder les besoins de santé des populations doivent être guidés par les principes de l’équité, de la non-discrimination et de l’égalité des sexes afin d’assurer l’accès aux services essentiels de santé, de nutrition et de protection.
La paix est la pierre angulaire de la santé; elle favorise des environnements propices au bien-être physique, mental et affectif. Dans les endroits pacifiques, les gens prospèrent dans la stabilité et ont accès aux services de santé, sans peur et sans entraves. La paix rend possible les conditions nécessaires à la distribution équitable des ressources et à la réduction des disparités socioéconomiques qui sous-tendent les iniquités en santé. Plus que la simple absence de conflit, la paix véritable suppose la justice sociale, le respect des droits de la personne et la cohésion sociale, trois déterminants essentiels de la santé. La création de conditions pacifiques implique nécessairement l’aveu des torts et des fautes passés et un engagement envers la réconciliation par le renforcement des relations, le dialogue et l’action pacifique. Sur ce dernier point, pour plaider de bonne foi à l’étranger, notre pays doit montrer l’exemple : en accélérant ses efforts pour répondre intégralement aux Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, et en maintenant la paix avec les peuples autochtones du Canada pour démontrer son propre engagement.