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Canadian Public Health Association

S’attaquer aux impacts des changements climatiques sur la santé à Simcoe Muskoka, en Ontario

PROJET

Depuis plusieurs années déjà, le Bureau de santé du district de Simcoe Muskoka (SMDHU) se penche sur les impacts des changements climatiques sur la santé en s’appuyant sur une théorie du changement qui comprend trois stratégies : réorienter les pratiques de santé publique, influencer la politique en matière de santé publique et créer un impact collectif.

CONTEXTE

Situé directement au nord de Toronto, le SMDHU est une agence de santé publique locale qui relève d’un conseil de santé indépendant. Le SMDHU est responsable de la santé de la population dans un district à croissance rapide soumis à la pression en faveur du développement de propriétés résidentielles et récréatives dans une « région de chalets ».

Le SMDHU dessert 26 municipalités, soit deux municipalités de palier supérieur (comté de Simcoe et district de Muskoka), deux municipalités à palier unique (villes de Barrie et d’Orillia) et 22 municipalités de palier inférieur en milieux ruraux et urbains. Le SMDHU dessert également quatre collectivités distinctes des Premières Nations et une population autochtone urbaine, ainsi qu’une communauté francophone définie.

PROCESSUS

Les changements climatiques ont été définis comme un enjeu de santé publique prioritaire dans le Plan stratégique 2012-2016, dans la perspective selon laquelle une intervention à l’échelle de l’organisme lui permettrait de s’attaquer plus efficacement à cette question importante et complexe. Dans le cadre de ce travail, le SMDHU a élaboré un plan d’action en plusieurs étapes, dont la première a donné lieu à la réalisation d’une évaluation des vulnérabilités sur le plan de la santé liées aux changements climatiques, publiée en 2017. En 2018, le SMDHU a élaboré une approche fondée sur la théorie du changement afin de cibler et d’orienter clairement les efforts continus en matière de changements climatiques.

À l’instar d’autres bureaux de santé en Ontario, le SMDHU a dû consacrer des ressources adéquates au travail sur le climat et la santé. À l’heure actuelle, le travail est mené par une promotrice de la santé publique liée aux changements climatiques qui bénéficie du soutien à temps partiel d’un gestionnaire de programme et d’un épidémiologiste.

« Notre objectif ultime est de soutenir une collectivité résiliente aux changements climatiques, a expliqué Brenda Armstrong, gestionnaire de programmes sur les environnements sains et sur les maladies à transmission vectorielle au SMDHU. Lors de la mise en œuvre de notre théorie du changement, nous nous sommes d’abord concentrés sur le partage des connaissances des effets des changements climatiques sur la santé entre professionnels de la santé publique et sur la mise en place d’actions concertées en créant un comité multipartite avec des partenaires de notre district. »

En interne, le perfectionnement du personnel en matière d’impacts des changements climatiques sur la santé vise à faire en sorte que le personnel de tous les programmes du bureau de santé publique reconnaisse les risques pour la santé associés aux changements climatiques, les moyens dont disposent les gens pour se protéger contre les répercussions des changements climatiques, tels les inondations, la chaleur extrême et la maladie de Lyme, ainsi que les politiques et programmes qui peuvent être utilisés pour accroître la résilience des collectivités aux changements climatiques ou pour réduire les émissions à l’origine des changements climatiques.

« Nous nous sommes inspirés de notre formation précédente en matière d’environnement bâti sain et d’équité en santé pour aborder le perfectionnement du personnel sur les impacts des changements climatiques sur la santé, a déclaré Mme Armstrong. Nous avons reconnu qu’une grande partie du travail de notre programme de santé publique accroît la résilience de la collectivité aux impacts des changements climatiques, MAIS notre personnel ne l’a pas reconnu comme tel. Nous voulions qu’ils comprennent l’impact du climat sur la santé, qu’ils sachent à quel point leur travail y est déjà lié et qu’ils réfléchissent à la manière dont leur travail de programme pourrait s’y attaquer plus explicitement ou plus efficacement. Nous voulons que les changements climatiques soient perçus comme un enjeu global devant être pris en compte dans l’ensemble de notre travail, de la même façon que nous le faisons maintenant avec l’équité en santé. »

Le SMDHU a indiqué qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour réorienter ses programmes en interne. En fin de compte, la réussite de l’intégration des impacts des changements climatiques sur la santé dans les programmes et services de santé publique se heurte aux modèles de financement de la santé publique et aux mandats des programmes provinciaux actuels.

« Nous avons perdu du terrain en raison de la pandémie, a expliqué Mme Armstrong. Nous avons tous dû tout laisser tomber pour nous attaquer à la COVID-19, et il faudra un certain temps avant que le personnel retourne pleinement à ses activités de programme. Mais lorsque nous y parviendrons, nous voulons nous engager à nouveau dans nos programmes internes pour nous attaquer aux vulnérabilités sur le plan de la santé liées aux changements climatiques. Nous voulons intégrer les impacts des changements climatiques sur la santé dans notre réflexion, de la même manière que nous nous sommes efforcés d’intégrer les déterminants sociaux de la santé (DSS) dans notre travail. »

Le SMDHU a également mis à jour ses outils sur l’environnement bâti sain pour faire en sorte que les messages et les mesures abordent de façon claire et explicite les impacts des changements climatiques sur la santé. Élaborés à l’origine en 2014, les outils sur l’environnement bâti sain comprenaient un document d’énoncés de politique aux assertions fondées sur des données probantes pouvant être utilisées par les partenaires municipaux de niveau supérieur et inférieur pour intégrer des considérations relatives aux communautés saines dans leurs plans officiels. En 2018, en collaboration avec un consultant, le SMDHU a mis à jour ses outils d’environnement bâti et a profité de cette occasion pour appliquer une perspective d’adaptation aux impacts des changements climatiques sur la santé au travail de l’agence en matière d’environnement bâti.

« Nous voulions que le document d’énoncés de politique et les autres outils utilisés par le personnel contiennent des messages et des stratégies concernant les impacts des changements climatiques sur la santé, ainsi que sur la prévention de maladies chroniques, sur la prévention des blessures, sur l’équité en santé et sur l’hygiène du milieu, a exposé Mme Armstrong. Nous voulons que nos partenaires municipaux et le public comprennent les retombées des politiques et stratégies qui traitent de questions telles que le transport actif, les espaces verts et les parcs. »

Le SMDHU a lancé un réseau régional de collaboration multisectorielle, appelé Simcoe Muskoka Climate Change Exchange (CCE). Le CCE a été établi pour répondre à un besoin identifié d’échange de renseignements et de collaboration à l’échelle locale, notamment parce que le SMDHU ne fait pas partie d’une structure de gouvernance régionale. Pour soutenir le développement du réseau, le SMDHU a fourni des ressources dédiées par le biais du poste de stagiaire de maîtrise en santé publique.

Le réseau CCE compte aujourd’hui une quarantaine de membres représentant des organismes partenaires municipaux et locaux (p. ex., des établissements d’enseignement, des autorités de gestion et de conservation des bassins versants et des hôpitaux) qui s’efforcent de lutter contre les changements climatiques. Les principales activités comprennent des réunions trimestrielles, des présentations éducatives, du mentorat entre pairs, des projets collectifs et l’élaboration d’une charte régionale sur les changements climatiques et d’un cadre d’action pour appuyer les efforts collectifs du CCE.

« Les partenaires du réseau CCE se réunissent officiellement tous les trimestres, mais prennent part entre les réunions à de nombreuses discussions et collaborations informelles, a mentionné Sarah Warren, promotrice de la santé publique liée aux changements climatiques, qui relève de Mme Armstrong au SMDHU. Les partenaires échangent des renseignements sur les possibilités de financement, partagent des ressources éducatives et tirent parti de l’expertise de différentes organisations dans le cadre de projets distincts ou conjoints. Un certain nombre de petits groupes de travail ont également été créés pour traiter des questions d’intérêt commun. »

Le SMDHU a également consacré beaucoup de temps à la recherche et à l’élaboration de politiques dans le domaine de la santé liées aux changements climatiques pour éclairer et appuyer son travail et celui d’autres organismes de santé publique de l’Ontario. En collaboration avec l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), il a effectué une étude de cadrage pour synthétiser les connaissances sur les stratégies d’adaptation aux impacts des changements climatiques sur la santé et sur les lacunes connexes dans la littérature scientifique afin d’éclairer la pratique en santé publique, la prise de décisions et les recherches futures. Un volet du projet, dirigé par un organisme de consultation autochtone, les Cambium Indigenous Professional Services, cerne les perspectives autochtones et l’importance de les inclure dans les plans d’adaptation aux changements climatiques. Les résultats de ce travail et les leçons apprises ont été consignés dans un rapport détaillé, dans un blogue publié par le Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE), ainsi que dans un article publié dans le Journal de l’Institut canadien des inspecteurs en santé publique. Il a aussi fait l’objet d’un webinaire et de deux conférences. 

« Le projet d’étude de cadrage intitulé Characteristics of Existing Public Health Climate Change Adaptation Interventions: A Scoping Review étant très vaste, nous nous sommes efforcés d’assimiler et de synthétiser les résultats dans de plus petits rapports, dans des articles de revues et dans des présentations pouvant être diffusées dans l’ensemble du secteur de la santé publique, a expliqué Mme Warren. L’ASPC a commandé le deuxième volet, Indigenous Lens on Climate Change Adaptation Planning, lorsque l’équipe de recherche a constaté que l’étude de cadrage n’évaluait pas bien le travail effectué par les communautés ou les organismes des Premières Nations. L’équipe de recherche croit que nous n’avons peut-être pas utilisé les termes de recherche nécessaires pour saisir leur travail, et qu’une grande partie de leur travail n’est peut-être pas publiée dans des rapports écrits et des revues. La prochaine étape consiste à déterminer comment appliquer ce que nous avons appris dans notre pratique quotidienne. »

RÉSULTATS OBTENUS

Malgré les défis, le SMDHU continue de faire avancer son programme. Il a :

  • révisé son document de politique sur l’environnement bâti sain afin d’y inclure des messages et des stratégies concernant les impacts des changements climatiques sur la santé; 
  • commencé à former son personnel sur les impacts des changements climatiques sur la santé;
  • établi une collaboration très active et efficace entre les grandes organisations et les municipalités locales dans sa circonscription hospitalière;
  • préparé deux documents de politique sur les impacts des changements climatiques sur la santé pour éclairer et soutenir son travail dans les années à venir;
  • communiqué les conclusions de son travail d’élaboration des politiques à l’ensemble du secteur de la santé publique.

LEÇONS RETENUES

Le SMDHU a constaté qu’il peut employer les stratégies qu’il utilise pour s’attaquer aux nouveaux enjeux, comme les environnements bâtis sains, et cadres, comme l’équité en matière de santé, pour se pencher sur les risques, la résilience et les actions liés aux changements climatiques. 

Il considère les impacts des changements climatiques sur la santé comme une question primordiale devant être prise en compte par le personnel de tous les secteurs de programme. Pour ce faire, il faut former tout le personnel en interne, examiner et adapter les programmes internes dans l’optique des changements climatiques et adopter de nouvelles politiques et de nouveaux programmes pour combler les lacunes.

Il a appris que la collaboration concertée entre les disciplines, les organisations et les compétences à l’égard de la résilience communautaire et de la lutte contre les changements climatiques peut créer des synergies. Il a constaté que d’autres organisations de son district ont accueilli favorablement la possibilité de collaborer et de partager des ressources, des renseignements, des compétences et des occasions.

Il a également appris que pour tirer parti de l’expérience et de l’expertise que les collectivités des Premières Nations ont à offrir sur les changements climatiques et la résilience communautaire, il doit s’engager directement et respectueusement avec elles.

Préparé par Kim Perrotta, M.Sc.S., directrice administrative, CHASE

Date de modification : 25 Novembre 2022