Substances chimiques toxiques et pollution : plus de 500 scientifiques et experts médicaux exhortent le premier ministre à agir
Dans leur lettre, les scientifiques demandent au gouvernement fédéral de renforcer la Loi canadienne sur la protection de l’environnement
Plus de 540 scientifiques et experts médicaux canadiens ont signé une lettre exhortant le gouvernement fédéral à modifier, avant le printemps de 2018, la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE), la principale loi sur la pollution et les substances chimiques toxiques. Cette mesure survient à la suite d’un récent examen de la Loi par le Comité permanent de l’environnement et du développement durable qui a formulé 87 recommandations pour renforcer la LCPE.
Cette lettre fait valoir que : « Le Canada est aux prises avec un grave problème de pollution qui constitue une menace tant pour la santé humaine que pour la qualité de notre environnement » et qu’« Aujourd’hui, l’occasion d’une génération s’offre à nous de freiner la pollution, sauver des vies, protéger l’environnement, stimuler l’économie et améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens en actualisant la LCPE. »
La lettre a notamment été signée par les plus éminents médecins, biologistes, toxicologues, physiciens et experts en santé publique du Canada, dont 23 membres de la Société Royale et 28 titulaires d’une chaire de recherche du Canada.
« Les données scientifiques qui établissent un lien entre l’exposition aux substances chimiques toxiques et le développement de maladies chroniques mettent en évidence le besoin urgent de disposer de meilleures protections contre une série de polluants nocifs. Les scientifiques et les experts médicaux, toutes disciplines confondues, exhortent le gouvernement fédéral à modifier immédiatement la loi fondamentale en matière d’environnement afin de réduire l’exposition aux substances chimiques toxiques », a déclaré Bruce Lanphear de l’Université Simon Fraser.
Dans la lettre, les scientifiques et experts médicaux mettent en lumière le nombre croissant de données scientifiques démontrant un lien entre l’exposition aux substances chimiques toxiques et une série de problèmes de santé (asthme, allergies, maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, troubles d’apprentissage, troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité, accouchements prématurés), et demandent au gouvernement d’adopter 11 recommandations essentielles formulées par le Comité permanent de l’environnement et du développement durable, notamment :
- Renverser le fardeau de la preuve dans le cas de substances extrêmement préoccupantes (par exemple, agents cancérigènes connus) pour obliger l’industrie à prouver la sécurité des substances chimiques avant qu’elles soient utilisées.
- Améliorer la réglementation des substances toxiques par les mesures suivantes : établissement d’échéances plus courtes, imposition d’autres produits sécuritaires, obligation d’évaluer les effets combinés, étiquetage des produits qui contiennent des substances toxiques et promotion de la participation du public.
- Établir des normes nationales sur la qualité de l’air et de l’eau juridiquement contraignantes et exécutoires.
- Reconnaître le droit à un environnement sain et imposer une meilleure protection des personnes et des collectivités vulnérables.
Dans une lettre envoyée au comité de la Chambre des communes en octobre, Catherine McKenna, ministre de l’Environnement, a convenu que la LCPE était désuète et a fait part de son intention d’apporter davantage de précisions d’ici juin 2018. Depuis lors, la ministre s’est déclarée déterminée à renforcer la LCPE, mais n’a pas présenté de plan ni d’échéance pour modifier la loi.
« On ne peut plus ignorer les coûts de santé publique, environnementaux et économiques découlant de l’exposition à des polluants nocifs. Le gouvernement fédéral s’est clairement engagé à s’attaquer à la pollution et à protéger les collectivités vulnérables, et la présentation d’un projet de loi visant à modifier la LCPE avant le printemps prochain concrétisera son engagement », a ajouté Ian Culbert de l’Association canadienne de santé publique.
Vous pouvez consulter la lettre à scientists4cepa.org/french/.
Communiqué conjoint de l’Association canadienne de santé publique, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, l’Association canadienne des médecins pour l’environnement et Partenariat canadien pour la santé des enfants et de l’environnement.