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Canadian Public Health Association

L’ACSP demande que des données sociodémographiques et raciales soient collectées et utilisées de façon culturellement sûre

La riposte canadienne à la COVID-19 jusqu’à maintenant a mis au jour et élargi les fissures de nos systèmes de surveillance de la santé et certaines des difficultés perpétuelles de notre modèle fédéré, qui délègue les compétences en matière de santé aux provinces et aux territoires. L’une de ces compétences clés est la capacité de collecter des données raciales et de renforcer la collecte de données sociodémographiques complètes pour mieux cibler les interventions. Afin de juguler la COVID-19 et d’en atténuer les dommages sociétaux à long terme, nous devons travailler avec les populations en quête d’équité à comprendre et à aborder les inégalités sous-jacentes qui touchent démesurément certaines populations et ont des incidences sur tous les Canadiens.
 
Pour rendre possible une démarche de santé publique factuelle qui soutienne les populations touchées, nous exhortons les décideurs municipaux, régionaux, provinciaux-territoriaux et fédéraux à instaurer une collecte harmonisée et une utilisation responsable de données sociodémographiques et raciales dans tous les aspects de la surveillance et du contrôle de la santé au Canada.
 
Le Canada est encore une nation où les politiques et les institutions publiques portent préjudice à des personnes et des populations pour des raisons de race, de religion, de culture ou d’origine ethnique. Ces politiques publiques et ces pratiques institutionnelles donnent lieu à des inégalités sur le plan de l’inclusion sociale, des résultats économiques, de la santé personnelle, de l’accès aux services sociaux et de santé, et de la qualité des services reçus. Ces effets se manifestent particulièrement chez les personnes racisées, noires et autochtones, les personnes au bas du gradient socioéconomique, les femmes, les personnes de diverses identités de genre, les personnes handicapées et d’autres groupes en quête d’équité. Selon les informations actuelles, les actes manifestes de racisme anti-asiatique sont en hausse depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Dans son énoncé de position de décembre 2018 sur le racisme et la santé publique, l’ACSP demandait à tous les organismes intervenant dans la prestation des services sociaux et de santé au Canada de renforcer les systèmes de surveillance de la santé publique en collectant et en analysant des données sur la race et l’ethnicité d’une manière appropriée et culturellement sûre. L’ACSP élargit cette demande à la collecte de données sociodémographiques afin d’aider les autorités de santé publique et les décideurs, dans toutes les sphères de compétence, à bien comprendre qui est démesurément touché par la pandémie, afin que les dispositions nécessaires puissent être prises en collaboration avec les populations concernées.
 
Comme indiqué dans les Leçons de la crise du SRAS : Renouvellement de la santé publique au Canada - rapport du Comité consultatif national sur le SRAS et la Santé publique :

Bien avant que le SRAS n’apparaisse au Canada, le vérificateur général avait mis en lumière les difficultés posées au pays par l’administration d’un système de surveillance des maladies infectieuses au moyen des processus F/P/T existants. Les rapports du vérificateur général de septembre 1999 et de septembre 2002 ont été très critiques à l’égard de l’échec des procédures F/P/T pour constituer l’infrastructure nécessaire et concluaient que ces échecs nuisaient à la capacité du Canada de détecter ces éclosions de maladies et d’y réagir.

Malgré les recommandations des Leçons de la crise du SRAS, peu de choses ont changé depuis 17 ans. Nous ne connaissons que quatre sphères de compétence qui collectent ou qui ont annoncé leur intention de collecter des données raciales et d’autres données sociodémographiques. Et la collecte de ces données n’est pas uniforme d’un endroit à l’autre.

Considérant l’engagement de l’ACSP en faveur de l’équité en santé, de la lutte contre le racisme et de la réconciliation, nous préconisons une intervention souple en vue de collaborer avec les populations démesurément touchées par la COVID-19 et d’assurer nos responsabilités envers elles, pour établir la collecte et l’utilisation responsable des données raciales et sociodémographiques qui permettront d’offrir les services appropriés durant la vague actuelle et les vagues suivantes de la COVID-19.