Le radon : une menace silencieuse
Laura McQuillan
La communauté de la santé publique du Canada croit foncièrement à la promotion de la santé et à la prévention des maladies en amont. Elle a donc la responsabilité de sensibiliser la population aux facteurs « silencieux » du milieu physique qui menacent la santé. Le radon est l’une de ces menaces silencieuses.
Qu’est-ce que le radon?
Le radon est un gaz radioactif incolore et inodore produit par la désintégration naturelle de l’uranium présent dans les sols et les roches1. Libéré dans le milieu naturel, le radon ne menace pas la santé, car sa concentration est très diluée. Toutefois, quand des niveaux élevés de radon sont libérés dans des espaces clos, comme les habitations et les lieux de travail, il y a de quoi s’inquiéter. Quand les habitations et les lieux de travail ne sont pas bien construits et scellés, les niveaux de radon s’y accumulent avec le temps et peuvent nuire à la santé.
Quels sont les effets du radon sur la santé?
L’exposition au radon est la principale cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs, et on estime que ce gaz est responsable de plus de 3 300 décès par cancer du poumon au Canada chaque année2. Le risque de cancer du poumon chez les fumeurs exposés à de fortes concentrations de radon est sensiblement plus élevé, car le radon accentue les effets cancérogènes du tabac. Quand les descendants du radon sont inhalés dans les poumons, ils émettent un rayonnement ionisant dont l’énergie affecte les cellules épithéliales des bronches; on croit que cette ionisation est à l’origine du processus de carcinogenèse1.
Comment peut-on prévenir les effets négatifs du radon sur la santé?
La prévention des effets sanitaires dangereux de l’accumulation du radon est un processus simple qui commence par l’information. La première étape consiste à mesurer le radon dans l’espace clos pour s’assurer que son niveau est en-deçà de la directive canadienne de 200 becquerels par mètre cube (200 Bq/m3). Cette mesure est facile à prendre avec une trousse à installer soi-même ou en retenant les services d’un professionnel certifié en mesure du radon3. Si l’on découvre des niveaux de radon supérieurs à la directive canadienne, on peut employer diverses techniques pour les réduire. Dans la plupart des habitations, il est possible de diminuer les concentrations de radon de plus de 80 % à un coût comparable à celui d’autres réparations domiciliaires courantes3. La mesure du radon devrait faire partie intégrante de l’achat d’un domicile et des normes de certification de sécurité.
Quel est le rôle des professionnels de la santé publique?
Les membres de la communauté de la santé publique du Canada ont la responsabilité de partager l’information de santé essentielle et préventive avec les acteurs de la santé du pays.
Les dispensateurs de soins de santé de première ligne jouent un rôle névralgique en transmettant des connaissances exactes et exploitables au public, car ils sont en mesure de fournir aux patients une information préventive en amont. Cette information peut être un outil qui permet aux patients d’améliorer leur propre état de santé. En posant simplement des questions comme « Avez-vous fait mesurer les niveaux de radon dans votre maison? » et « Saviez-vous qu’il y a un moyen facile et rentable de diminuer votre risque de cancer du poumon si ces niveaux s’avèrent être plus élevés que la directive canadienne? », vous pourriez réduire la prévalence du cancer du poumon. Ce niveau d’engagement, qui va au-delà du modèle historique de « traiter et prescrire », repositionne le lien entre le patient et le praticien plus loin que la maladie, vers le bien-être global.
On encourage les autres professionnels de la santé publique, comme les praticiens primaires, les décideurs et les fonctionnaires du gouvernement (de la santé à l’éducation en passant par les responsables du logement), à ne se fier qu’à l’information de santé publique fondée sur des preuves. Par exemple, en tant que praticienne de la santé publique hors du domaine des soins primaires, je m’implique dans l’initiative de Sensibilisation par l’éducation des professionnels de la santé du Collège des médecins de famille du Canada. En partenariat avec les membres des milieux de la santé du Canada et avec l’appui du Collège, je joue un rôle de facilitatrice en transmettant de l’information sur diverses menaces environnementales aux professionnels de la santé; cet article en est un exemple.
La discussion de ces enjeux avec nos pairs est la première étape de l’amorce d’un dialogue national. De telles plateformes nous donnent voix au chapitre et nous offrent l’occasion de nous retrouver et de nous informer les uns les autres. J’ai choisi de prêter ma voix à la cause de la diminution du radon dans les milieux bâtis au Canada; quelle sera votre cause à vous?
Laura McQuillan, MSP, B.Sc.
- Santé Canada. Du radon dans votre maison? Information pour les professionnels de la santé. Juillet 2014. Sur Internet : www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/radiation/radon_brochure_profession/index-fra.php (consulté le 12 février 2017).
- Société canadienne du cancer. Substances nocives et risques environnementaux : Radon. 2017. Sur Internet : www.cancer.ca/fr-ca/prevention-and-screening/be-aware/harmful-substances-and-environmental-risks/?region=on (consulté le 12 février 2017).
- Santé Canada. Le Radon : Guide de réduction pour les Canadiens. Mai 2014. Sur Internet : www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/alt_formats/pdf/pubs/radiation/radon_canadians-canadiens/radon_canadians-canadien-fra.pdf (consulté le 12 février 2017).
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