La cigarette électronique, un problème de tabagisme?
On voit des cigarettes électroniques partout. De la pharmacie du coin aux annonces-éclair sur le Web, elles sont encensées par les utilisateurs et les médias, qui y voient des substituts à la cigarette et des dispositifs de renoncement au tabac. Ces produits sont apparus sur le marché nord-américain en 2007 et leur popularité n’a cessé d’augmenter, au point où l’on prévoit en vendre pour 10 milliards de dollars d’ici 2017. Leur potentiel de croissance est si fort que les fabricants de cigarettes classiques font leur entrée sur le marché de la cigarette électronique et achètent beaucoup de petits fabricants.
Les cigarettes électroniques sont des dispositifs électroniques qui distribuent à l’utilisateur des doses mesurées d’un brouillard liquide. Les principaux ingrédients de ce brouillard sont le propylèneglycol combiné à de la nicotine et/ou à des composés aromatisants. Au Canada, les cigarettes électroniques contenant de la nicotine sont interdites à la vente, mais on peut s’en procurer sur les sites Web de fournisseurs étrangers, et elles sont aisément accessibles aux États-Unis. Celles qui ne contiennent que des arômes sont généralement disponibles au Canada. L’Organisation mondiale de la santé craint que la cigarette électronique ne fasse perdre certains des gains obtenus dans la lutte contre le tabagisme, et des groupes antitabac ont indiqué que l’utilisation des cigarettes électroniques aromatisées par les enfants pourrait les encourager à fumer de vraies cigarettes plus tard.
La difficulté, c’est qu’il y a peu de données pour corroborer les allégations au sujet de la cigarette électronique. Du point de vue des risques qu’elle pose, une étude de deux marques de cigarettes électroniques menée par la Food and Drug Administration des États-Unis en 2009 a relevé des traces de nitrosamines cancérogènes dans plus de la moitié des échantillons de ces produits. Les concentrations de nitrosamines cancérogènes étaient de 100 à 1 000 fois plus faibles que dans la fumée du tabac, et les fabricants prétendent que ces niveaux sont comparables à ceux que l’on trouve dans les dispositifs approuvés de renoncement au tabac et qu’ils n’ont pas d’effet sur la santé humaine. De même, les preuves des effets de l’inhalation du propylèneglycol sont limitées, et des craintes ont été exprimées quant aux pratiques de contrôle de la qualité dans la fabrication des produits. Le plus inquiétant est qu’il y a eu très peu d’études contrôlées démontrant l’efficacité potentielle de la cigarette électronique comme dispositif de renoncement au tabac malgré les nombreux rapports non scientifiques.
Ce manque de données fiables devrait nous inciter à la prudence en ce qui a trait à la gestion de la vente des cigarettes électroniques au Canada. C’est pourquoi la position de l’ACSP reste qu’il faut maintenir les limites actuelles à la vente de ces produits en attendant d’avoir des données supplémentaires sur les risques sanitaires associés à ceux contenant de la nicotine et sur l’efficacité potentielle des cigarettes électroniques comme dispositifs de renoncement au tabac. Il existe aussi un besoin pressant d’information supplémentaire sur les répercussions sociales de l’utilisation de la cigarette électronique.
L’ACSP continuera à surveiller étroitement la question de la cigarette électronique et à diffuser des points d’information lorsque de nouvelles preuves seront disponibles.
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