Du plaisir sous le soleil d’été?
Cynthia Nguyen
L’hiver tire à sa fin et les Canadiens et Canadiennes sortent de leur hibernation, prêts à jouer dehors. Il n’y a rien de mal à profiter d’un peu de soleil, mais cela comporte des risques1 :
- Le vieillissement prématuré et les dommages à la peau,
- L’affaiblissement du système immunitaire, qui nous rend plus sensibles aux infections et aux cancers,
- Les dommages aux yeux, dont les cataractes,
- Les cancers de la peau avec et sans présence de mélanome*.
Ces effets sont liés aux rayons ultraviolets provenant du rayonnement solaire direct ou de l’exposition aux lits de bronzage à l’intérieur2. La lumière ultraviolette peut modifier l’ADN des cellules productrices de pigments, ce qui les fait se multiplier et proliférer de manière anarchique. S’il n’est pas traité, le cancer peut se propager à d’autres parties du corps par la circulation sanguine ou le système lymphatique3.
Le mélanome, le plus grave des cancers de la peau, peut être présent n’importe où dans l’organisme et sous différentes formes. Les cancers de la peau avec présence de mélanome commencent par un changement de l’apparence normale de la peau (p. ex., une surface foncée ou un nouveau grain de beauté anormal) et apparaissent le plus souvent sur le dos des hommes et sur les jambes des femmes4. Il est important de mentionner tout signe ou symptôme inhabituel à un médecin. Pour plus de détails, visitez les sites Web de la Société canadienne du cancer ou de l’Association canadienne de dermatologie.
On estime à 78 300† le nombre de personnes ayant reçu un diagnostic de cancer de la peau sans présence de mélanome en 20155. Pire, 6 800 personnes (3 700 hommes et 3 100 femmes) ont reçu un diagnostic de cancer de la peau avec présence de mélanome, et les taux d’incidence du mélanome ont augmenté de 2,3 % et de 2,9 % par année chez les hommes et les femmes, respectivement, entre 2001 et 20105. Le mélanome se situe au quatrième rang pour ce qui est du nombre de nouveaux cas de cancer dans deux groupes d’âge : les 15 à 29 ans (8 %) et les 30 à 49 ans (6 %)5. C’est donc l’un des cancers dont la croissance est la plus rapide au Canada, avec les cancers du foie et de la thyroïde2,3,5. Heureusement, le mélanome est aussi l’un des cancers les plus faciles à traiter s’il est diagnostiqué et traité tôt; son taux de survie est de 89 % au cours des cinq premières années. C’est le quatrième taux de survie le plus élevé de tous les cancers, après ceux de la thyroïde, des testicules et de la prostate5.
En 2015, 1 150 décès (750 hommes, 420 femmes) ont été imputés au mélanome5, tandis qu’entre 2006 et 2010, les décès dus au mélanome ont représenté 4 % des décès par cancer chez les 15 à 29 ans5. Depuis 2010, la probabilité de mourir du mélanome n’est que de 0,4 % chez les hommes et de 0,2 % chez les femmes‡5. À l’avenir, le nombre de nouveaux cas de mélanome entre 2003–2007 et 2028–2032 devrait augmenter de 72 % en moyenne (75,4 % chez les hommes; 68,7 % chez les femmes)5.
Malgré son taux de survie élevé, le mélanome présente un fardeau pour l’économie canadienne. Malheureusement, il y a peu de données disponibles sur son coût économique actuel; en 2004 cependant, le fardeau total était estimé à 532 millions de dollars par année, soit 444 millions (83,4 %) pour le cancer avec présence de mélanome et 88 millions (16,6 %) pour le cancer sans présence de mélanome6. Ce total devrait augmenter d’ici 2031 à 922 millions de dollars par année, soit 696 millions (75,5 %) pour le cancer avec présence de mélanome et 226 millions (24,5 %) pour le cancer sans présence de mélanome6. En outre, selon une étude de 2009 sur les coûts du cancer en Ontario, le mélanome était le cancer le moins cher à traiter (9 757 $ pour la première année de traitement) comparativement aux cancers colorectal (37 014 $), du poumon (31 550 $), du sein chez les femmes (20 740 $) et de la prostate (14 545)7.
Les changements climatiques ajouteront aussi à la complexité de cet enjeu, car on s’attend à ce qu’ils aient une influence significative sur la santé humaine, y compris sur les cancers de la peau8. La couche d’ozone atmosphérique est responsable d’absorber les rayons ultraviolets du soleil, mais l’appauvrissement de l’ozone, causé par les émissions de gaz à effet de serre, entraîne des augmentations de la durée (le temps plus chaud étant plus propice aux activités de plein air) et de l’intensité de l’exposition aux rayons ultraviolets8. Ceci fait en retour que les régions nordiques (surtout l’Arctique) se réchauffent plus rapidement que le sud9, avec pour résultat que les personnes vivant au Canada pourraient présenter un risque de mélanome de plus en plus élevé.
Heureusement, les cancers de la peau sont parmi les plus évitables si l’on emploie des mesures de prévention toutes simples2 :
- Programmer les activités de plein air avant 11 h et après 16 h, quand le soleil n’est pas à son plus haut point dans le ciel, ou quand l’indice UV est de 3 ou moins;
- Porter des vêtements appropriés : chapeau à large bord, lunettes de soleil, vêtements protégeant contre les rayons ultraviolets;
- Appliquer un écran solaire étiqueté « à large spectre » et « résistant à l’eau » avec un FPS d’au moins 30 sur toutes les parties du corps non couvertes par les vêtements;
- Rechercher l’ombre le cas échéant;
- Éviter le bronzage intérieur2.
Nos collègues d’Australie (où l’on trouve certains des plus hauts taux de cancer de la peau) ramènent le tout à cinq règles : Slip, Slop, Slap, Seek, Slide10. Une campagne vidéo mettant en vedette Sid la Mouette rappelle aux gens les cinq choses qu’ils peuvent faire pour prévenir le cancer de la peau. Cette campagne sanitaire, combinée au programme SunSmart, est l’une des plus couronnées de succès en Australie; on lui doit la prévention de plus de 103 000 cancers de la peau dans le Victoria entre 1988 et 200311. Elle est également rentable, ayant généré une économie nette de 2,30 $ (AUD) pour chaque dollar dépensé pour le programme11. Ce succès est attribué à l’intégration de la recherche et de l’évaluation dans le programme et au souci d’en assurer la constance et la continuité12.
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