Promouvoir la santé publique un micromessage à la fois
Jaya Raghubir
Nous utilisons tous les médias sociaux. Les plateformes comme Facebook, YouTube et Twitter font maintenant partie intégrante de nos vies et sont mêmes devenues des outils pour les professionnels de la santé publique. De nombreux services de santé publique utilisent Facebook pour partager de l’information, et Twitter s’avère très prometteur pour la mobilisation communautaire et la diffusion rapide d’informations. Cela s’explique par l’interactivité (le « pousser-tirer ») des médias sociaux et de la montagne de données qui se partagent chaque jour. Les utilisateurs publient 500 millions de micromessages par jour, soit 200 milliards par année1.
L’interactivité de Twitter permet aux bureaux de santé publique et aux intervenants de première ligne d’établir un meilleur contact avec le public, en particulier avec les populations inaccessibles en raison de barrières monétaires2, géographiques3 et linguistiques4,5. De plus, ces bureaux peuvent collaborer avec les populations pour jauger leurs réactions à diverses campagnes sanitaires, comme le Mois de la sensibilisation au cancer du sein6, ou à de nouveaux produits de santé, comme les cigarettes électroniques7.
Les épidémiologistes et les chercheurs en santé publique peuvent aussi extraire énormément de données des micromessages liés à la santé. L’ « infoveillance » (une forme de surveillance syndromique utilisant la recherche de certains mots clés liés à la santé sur Twitter8) a permis à des chercheurs de suivre les micromessages d’utilisateurs pour repérer les réactions à la vaccination durant une éclosion de rougeole9, ainsi que l’incidence de la grippe10 et de toxi-infections alimentaires11. Un exemple probant : Foodborne Chicago est un site Web qui vise à améliorer la salubrité des aliments à Chicago en répertoriant les plaintes sur Twitter au sujet de possibles intoxications alimentaires et en y répondant. En 2013, la direction de santé publique de Chicago a commencé à retracer chaque micromessage pour localiser et fermer les restaurants insalubres. La majorité des personnes ayant publié sur Twitter n’ayant pas obtenu de soins médicaux, l’identification des restaurants à problème n’aurait peut-être pas été possible en l’absence de Foodborne Chicago.
Des chercheurs utilisent les micromessages pour suivre l’utilisation des antimicrobiens dans le monde12, surveiller les maladies chroniques comme l’insomnie et l’obésité13 et offrir des services de soutien aux personnes atteintes de maladies mentales14. Des travailleurs de la santé utilisent aussi Twitter pour intervenir en cas de catastrophes naturelles et d’urgences, comme pendant l’ouragan Sandy15 et les attentats à la bombe du Marathon de Boston16. Twitter a été essentiel à la localisation de la récente urgence de santé publique causée par Ebola17.
Twitter est un outil très prometteur dans tous les domaines de la santé publique, mais nous devons être conscients de plusieurs facteurs qui peuvent en limiter l’utilisation en tant que source de données et en tant que plateforme de diffusion d’informations. Comme c’est une plateforme sans modérateur, des personnes peuvent publier de fausses informations18 ou mal communiquer l’information sanitaire. En outre, Twitter est encore inaccessible aux habitants des régions éloignées ou sans accès régulier à Internet; la collecte de données peut donc encore exclure les populations difficiles à joindre. On a rapporté dernièrement des problèmes d’éthique dans la recherche fondée sur Twitter. De même, le manque de compréhension de la portée et de la permanence des données préoccupe les utilisateurs de Twitter, qui peuvent également ne pas vouloir que leurs renseignements personnels soient recueillis par des programmes d’exploration de données14,19. Avec une planification et une évaluation soigneuses toutefois, Twitter peut être un puissant outil de soutien aux pratiques de santé publique fondées sur des données probantes.
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