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Canadian Public Health Association

Le jeu risqué, essentiel au développement de l’enfant

Enfant qui joue

À l’approche de l’été et du temps doux, on pourrait s’attendre à voir les enfants jouer activement et de façon autonome à l’extérieur; mais ce n’est pas le cas. En fait, les enfants canadiens consacrent plus de 7,5 heures par jour à des occupations sédentaires1; moins de 9 % des 5 à 17 ans atteignent les niveaux d’activité physique de référence globaux2 (au moins 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à élevée par jour pour obtenir des gains pour la santé3). Avec de tels niveaux, les enfants canadiens méritent une note de D moins pour leur activité dans l’édition 2015 du Bulletin canadien de l’activité physique chez les jeunes de ParticipACTION1. Ce sont aussi les symptômes d’un problème plus vaste sur la mobilité des enfants. Un article publié récemment dans un journal britannique montre comment la mobilité des enfants a changé dans une famille sur quatre générations : dans les années 1920, un garçon de 8 ans parcourait jusqu’à 6 milles par jour en vagabondant; dans les années 1960, son beau-fils avait la permission de s’éloigner jusqu’à 1 mille de la maison tout seul; et aujourd’hui, son arrière-petit-fils n’a droit qu’à une distance de 300 verges4.

Il y a de nombreuses raisons à ce rétrécissement de la mobilité, dont les perceptions du « danger de l’étranger », l’intimidation et la circulation routière5, mais ces préoccupations liées à la sécurité semblent être en grande partie sans fondement, car les probabilités d’enlèvement d’un enfant par un étranger sont extrêmement faibles (1 sur 14 million), et les enfants sont huit fois plus susceptibles d’être impliqués dans un accident de la route comme passagers que comme piétons1. Globalement, la surprotection parentale et les attitudes sociétales qui tendent vers la supervision par les parents contribuent à éliminer l’aspect actif, autonome, libre (risqué) du jeu à l’extérieur. Pourtant, les enfants ont besoin de ce type de jeu, qui contribue à leur développement physique, affectif et psychologique, lequel favorise l’acquisition des habiletés nécessaires pour bien fonctionner en tant qu’adultes. En réalité, malgré leurs choix limités, les enfants participent volontairement à toutes sortes de jeux palpitants et excitants, entre autres en jouant avec la vitesse, la hauteur, les outils et les objets tranchants, en se perdant et en se tiraillant. Ces activités pourraient causer des blessures, mais on sait que les enfants réussissent bien à s’autoréguler pour se protéger6.

Un autre obstacle à ce type de jeu est le problème des blessures sur les terrains de jeu, avec la hausse des frais d’assurance responsabilité et la probabilité de poursuites qui en résultent. Ces conséquences font augmenter les mesures de sécurité et la supervision par des adultes, ce qui limite les occasions de jeu risqué à l’extérieur pour les enfants. Limiter les blessures sur les terrains de jeu est un élément important de la sécurité des enfants, mais il faudrait accorder une plus grande importance encore à la santé à long terme de ces enfants7. Cette notion a mené à l’élaboration d’un énoncé de position canadien sur le jeu actif à l’extérieur selon lequel l’accès au jeu actif dans la nature et en plein air, avec les risques qu’il comporte, est essentiel au développement sain des enfants et des jeunes, d’où le besoin d’accroître les occasions de jeu extérieur autonome dans tous les lieux8. L’énoncé est fondé sur les constatations d’une revue systématique de la littérature spécialisée qui indiquait que les effets positifs sur la santé l’emportent sur les avantages d’éviter le jeu risqué9.

Des interventions communautaires et des initiatives stratégiques sont nécessaires pour aborder les obstacles au jeu à l’extérieur10. Dans le cadre d’un ensemble d’initiatives généreusement soutenues par la Stratégie sur le jeu extérieur de la Fondation Lawson, l’ACSP et ses partenaires, Saskatchewan in motion et Santé publique Ottawa, mettent au point une trousse de politiques sur le jeu risqué avec la collaboration d’acteurs du milieu. Le but est d’augmenter l’accès des enfants au jeu actif, autonome et libre à l’extérieur en abordant les préoccupations liées au risque et leur influence sur l’assurance responsabilité civile et le droit de la responsabilité délictuelle. La trousse ainsi réalisée devrait être utilisable dans les communautés urbaines et rurales.


  1. ParticipACTION, 2015.  Garder les enfants a l’intérieur : un plus grand risque. L’édition 2015 du Bulletin de l’activité physique chez les jeunes de ParticipACTION. Toronto (Ontario) : ParticipACTION.
  2. Colley RC, Garriguet D, Janssen I, Craig CL, Clarke J, Tremblay MS. 2011. Physical activity of Canadian children and youth: accelerometer results from the 2007 to 2009.  Canadian Health Measures Survey. Health Reports 22:15-23.
  3. Tremblay MS, Warburton DE, Janssen I, Paterson DH, Latimer AE, Rhodes RE, et al. (2011). New Canadian physical activity guidelines. Appl Physiol Nutr Metab 2011;36(1):36-46; 47-58.
  4. The Daily Mail. How children lost the right to roam in four generations. 2007 Jun 15. Sur Internet : www.dailymail.co.uk/news/article-462091/How-children-lost-right-roam-generations.html#ixzz1ywZBP0EF (consulté le 11 mars 2015).
  5. Carver AV, Salmon J, Hume C, Timperio A, Crawford D. Children’s independent mobility –is it influenced by parents’ perceptions of safety? Burwood, Vic: Deakin University, 2006.
  6. Sandseter EBH (2007).  Categorizing Risky Play – How can we identify risk taking in children’s play?  European Childhood Education Research Journal 15(2): 237–52.
  7. Play Safety Forum. Managing Risk in Play Provision: A Position Statement.  National Children’s Bureau; London, UK: 2008.
  8. Tremblay MS, Gray C, Babcock S, Barnes J, Costas-Bradstreet C, Carr D, et al. 2015.  Position Statement on Active Outdoor Play. Int J Environ Res Public Health 12(6):6475–650.
  9. Brussoni M, Gibbons R, Gray C, Takuro I, Sandseter EBH, et al. 2014. What is the relationship between risky outdoor play and health in children? A systematic review. Int J Environ Res Public Health 12(6):6423–54.
  10. Lee H, Tamminen KA, Clark AM, Slater L, Spence JC, Holt NL. 2015.  A meta-study of qualitative research examining determinants of children’s independent active free play. Int J Behav Nutr Phys Act 12(1):5.

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